Je suis interpellée par ces cas, ces nombreux cas semble-t-il, de jobs d’enfer [Le Monde, 24-25 avril 2016] où l’individu ne voit pas la finalité de ce qu’il fait, c’est-à-dire qu’il pense que ce qu’il fait ne sert à rien !
Le monde du travail est aujourd’hui traversé par l’épuisement professionnel de ceux qui se surinvestissent et par l’ennui d’autres, en sous activité, soit que leur charge de travail est faible, soit que leur potentiel et leur capacité soient bien supérieurs aux exigences du poste qu’ils occupent. L’on vient de nommer à présent une autre catégorie de salariés, ceux qui ne voient pas l’utilité de leur travail tant il est morcelé, tant il n’a aucun intérêt. Ce sont les « bullshit jobs », source d’une nouvelle pathologie au travail, le « brown out » [Le Figaro, 27 octobre 2016]. Alors comment ne pas devenir fou à faire quelque chose dénué de sens ?
Oui, bien sûr, changer d’emploi. Ou alors, changer son cadre de vision …. Et si on saisissait l’autonomie que tout manager « tendance » se doit d’accorder à ses collaborateurs, pour faire à sa manière, par exemple ces tableaux Excel pour Pierre (qui les veut « en bleu ») et pour Paul (qui les veut « en vert »), les transformer en leur donnant le sens qu’on veut, nous …… Et si on saisissait les marges de manœuvre à notre portée pour contourner, outrepasser, inventer, innover. Ne pas « démissionner intérieurement » [comme le dit Nadia Droz, psychologue à Lausanne], se battre, et fabriquer soi-même l’utilité que le job n’a pas en se demandant de ce qu’on pourrait faire d’autre, à sa façon, comment le transformer pour lui donner du sens.
